2022 : Les Énergies Renouvelables, première énergie en Europe
Le Think Tank britannique EMBER vient de publier son rapport sur la consommation et la production d’électricité en Europe en 2022, perspectives pour 2023.
Pour la première fois, les énergies solaires et éoliennes sont la première source d’énergie en Europe. Si on ajoute, l’hydroélectricité, 33% de l’électricité consommée en Europe est d’origine renouvelable.
La montée en puissance des énergies renouvelables est inexorable. Dans un précédent article, on avait évoqué la première journée 100% renouvelable en Grèce, de nombreuses premières fois « renouvelables » sont à venir dans un futur proche. Voici 4 raisons qui poussent à l’optimisme.
Le charbon n’a pas le vent en poupe
Toute l’année 2022, on nous a rebattu les oreilles avec une croissance du charbon, la plus polluante des sources d’énergie. On a lié cette croissance à la guerre en Ukraine et à la fermeture des centrales nucléaires allemande. Ceci est à relativiser très fortement.
Tout d’abord, on a commencé à réutiliser du charbon dès 2021, quand les prix du gaz se sont envolés.
En mars, après le début de l’invasion Russe, la production à base de charbon a bondi. Un peu comme un vent de panique avec 26 centrales au charbon réactivées. Mais très rapidement, cette tendance c’est renversée. A telle point que dans le 4ème trimestre, on assiste à une chute du charbon.
Les 26 centrales rouvertes n’ont été utilisées qu’à 18% sur le dernier trimestre. Mieux 9 d’entre elles n’ont pas été utilisées du tout. Et les deux tiers du charbon importé ont été stockés.
Les européens réduisent leurs consommations.
La guerre en Ukraine a entrainé un changement drastique et systémique du système énergétique.
Tout d’abord, face aux prix très élevés de l’énergie et dans un grand élan de solidarité avec l’Ukraine, la consommation d’énergie a chuté massivement en Europe, moins 79 Térawattheure.
Cela c’est amplifié dans le dernier trimestre 2022, avec une chute de 8% de la demande. Les températures clémentes n’expliquent que partiellement cela.
Croissance massive de l’électricité d’origine renouvelable
La croissance massive des Énergies Renouvelables a contribué à réduire l’utilisation des énergies fossiles. C’est 41Gigawatt qui ont été installés en 2022. Cette croissance est largement supérieure à la croissance du charbon.
On estime que cela a permis d’économiser 10 milliard d’euros en achat de gaz. Et autant de CO2 en moins dans l’atmosphère.
Vers une réduction drastique des énergies fossiles
Malgré une croissance de 3% en 2022, on estime que l’on se dirige vers une baisse très importantes des énergies fossiles dans les années à venir.
- Redémarrage des centrales nucléaires françaises.
- Les installations de nouvelles capacités solaires et éoliennes vont continuer.
- 2022 fut la plus mauvaise année depuis 2000 pour la production d’hydroélectricité. Mais les stocks d’eau sont revenus à la normale.
- Enfin, dans la continuité du dernier trimestre, la demande devrait encore chuter.
Tout les indicateurs sont au vert à l’exception notable de la fermeture des centrales nucléaires en Allemagne. En effet cela va entrainer à court terme une demande pour d’autres sources d’énergie. Mais les prévisions d’installation de nouvelles sources renouvelables devraient compenser cela.
Un futur renouvelable est possible
L’étude d’Ember montre clairement qu’un futur basé sur les énergies renouvelables est possible. Nombre de pays n’utiliseront ni le nucléaire, ni les énergies fossiles. Sont-ils stupides de se priver de ses fameuses sources dites pilotables ? Ou y-a-t-il d’autres alternatives pour piloter son réseau ?
Les lobbyistes pro-nucléaires occultent de nombreuses et légitimes questions.
- Le stockage de l’énergie électrique est possible. Quand l’énergie renouvelable est excédentaire, on peut produire de l’hydrogène par hydrolyse de l’eau. L’idée est donc de faire fonctionner à 100% tous les moyens de productions (contrairement à aujourd’hui), et de piloter en convertissant les excédents. L’hydrogène peut être stocké et transporté pour une utilisation future, là ou il y a un besoin. C’est le sens du grand projet de pipeline d’hydrogène qui vient d’être conclu entre la France et l’Espagne, avec une prolongation jusqu’en Allemagne.
- Le nucléaire profite d’abord et principalement aux groupes industriels privés qui vont construire les centrales. Il y a beaucoup d’argent en jeux. 19 milliards pour le premier EPR à Flamanville, combien pour les 6 autres ? On comprend l’appétit de certains.
- Ils ignorent le risque d’accident. Depuis 50 ans, les ingénieurs et techniciens de l’industrie nucléaire française ont réussi à éviter tout accident majeur, une formidable performance. Comme le montre les 3 accidents nucléaires majeurs (Three Miles Island, USA, Tchernobyl, URSS et Fukushima, Japon), ce risque n’est pas nul. Et même dans des pays très développés technologiquement et industriellement. Et pourtant, ce risque n’est jamais pris en compte aujourd’hui. Il faudrait donc inclure dans le coût de l’électricité nucléaire, une provision d’argent comme une sorte d’assurance au cas ou. Mais ce serait la fin du mythe « nucléaire pas cher ».