Les Moulins à vent et la Transition Énergétique
Quand on parle de transition énergétique, on pense souvent que les moyens de production d’énergie verte sont forcément des systèmes lourds et technologiquement à la pointe de l’industrie la plus moderne. L’exemple le plus flagrant étant les éoliennes de très grande hauteur et très fortes puissances.
En parallèle, on imagine à peu près aussi fréquemment des paysages dédiés à ces nouveaux systèmes de production d’électricité décarbonée. Avec ce que cela demande d’acceptation par les populations voisines du fait de la modification du paysage.
Du neuf avec de l’ancien
Ne peut-on donc pas imaginer des systèmes qui allieraient à la fois production d’énergie verte, et parfaite intégration dans nos paysages actuels… ? Et bien cette solution existe. Elle a même été créée de toute pièce il y a près de deux décennies par un Français, ce qui prouve une fois de plus la créativité de nos compatriotes en la matière.
Ce précurseur, c’est Michel MORTIER qui, à partir de 2001, a eu l’idée d’intégrer une génératrice, afin de produire de l’électricité à injecter sur le réseau, dans le moulin à vent qu’il venait de s’acheter pour en faire une résidence secondaire.
Ainsi, avec l’aide de l’ADEME et des collectivités locales, le Moulin de la Fée a été le premier moulin traditionnel au monde à être transformé en aérogénérateur.
Un précurseur qui fait école
Cet exemple a été suivi en 2009 par M. AURAY, qui a transformé de la même manière le Grand Moulin des Places, avec l’aide de M. MORTIER. Le système a encore été amélioré à cette occasion, puisque ce dernier bénéficie en plus d’un « papillon d’orientation automatique », qui permet aux ailes d’être toujours bien orientées en fonction du vent.
Il est à noter que, dans tous les cas, les matériaux d’origine sont respectés : les charpentes sont en chêne, la volige en peuplier et la coiffe est couverte en bardeaux de châtaignier.
Les ailes, quant à elles, sont fabriquées en sapin de lamellé-collé de 17 à 19 mètres de diamètre en fonction des moulins, et équipés d’une voilure de type « BERTON ».
La voilure BERTON
Pierre Théophile BERTON a inventé ce système en 1845. Les ailes sont constituées de planches amovibles rétractables, ce qui permet de gérer plus facilement la direction et la puissance du vent, et rend le moulin très maniable.
Les moulins à vent, à l’inverse des éoliennes, exploitent des vents faibles à basse altitude, et sont ainsi appelés aérogénérateurs « extensifs » : ils produisent donc de l’électricité sur une plage de vitesse de vent comprise entre 2 et 15 m/s.
La production moyenne de ce type d’installation est de 70MWh / an, soit de quoi alimenter une vingtaine d’habitations.
De nouvelles « conversions »
Certains aménagements sont aujourd’hui en cours d’étude : moulin du Tertre (à Fégréac), moulin du Thu (à Derval), moulin du Chêne (à Vertou) et moulin de l’Epinay (à St Florent-le Vieil) d’après nos recherches.
Il existe aujourd’hui entre 1500 et 2000 moulins en France, et le fait de les transformer en aérogénérateurs serait, pour chaque commune concernée, un atout certain d’un point de vue touristique, puisque les ailes des moulins seraient à nouveau en action, qui plus est dans un but utile, et redonnerait donc un charme d’antan à nos paysages.
Localement, les très beaux moulins de Martigues et de Lambesc ont un beau potentiel.
L’exemple de Vertou
Nous remercions M. Didier LEFEBVRE de l’Association Sociale et Solidaire pour le Patrimoine Vertavien, pour les précieuses informations qui nous ont permis de rédiger cet article.
L’association Sociale et Solidaire pour le patrimoine Vertavien s’est engagé depuis plus d’un an autour d’un projet phare à Vertou : restaurer le moulin du Chêne, et lui redonner le faste d’antan. Faire du Coteau du Chêne où le moulin est implanté, un lieu emblématique de notre commune du val de Sèvre, identifiable et reconnaissable par tous. Faire de cet édifice, un objectif de visite et d’attraction du petit patrimoine rural et industriel. La concertation citoyenne organisée par la ville de Vertou a placé ce projet de restauration du petit patrimoine en tête des futurs chantiers aux abords de la rivière de la Sèvre.
Logiquement, la production d’électricité renouvelable est intégré dans ce superbe projet patrimonial.