L’électricité renouvelable, on peut partager !
Début 2022, Christophe a installé ses panneaux photovoltaïque sur le toit de sa maison. Avec une puissance de 6KWc, son installation est un peu surdimensionné, même s’il se chauffe à l’électricité et qu’il a une voiture électrique. Et donc, il a des surplus d’électricité qu’il ne consomme pas et qui sont injectés sur le réseau électrique.
En automne, quand il a trop de raisin sur sa vigne, Christophe en donne à ses voisins pour ne pas jeter. Sur le même principe, il a décidé de donner ses surplus d’électricité à ses voisins. C’est du troc, il n’y a pas d’échange d’argent entre les voisins, ils ont l’habitude de se rendre service mutuellement.
Pour le raisin, on prend un panier, on cueille et on porte au voisin, mais comment faire pour l’électricité ?
3 mois de l’idée à la réalisation
La solution imaginée par Christophe et ses voisins est très simple. Il n’a fallu que 3 mois pour que le courant passe d’une maison aux autres maisons. Pas de modification des installations, tout passe par le réseau.
L’Association pour la Mutualisation d’une Énergie de Proximité (AMEP) a été créée en avril 2022. C’est une association loi 1901 qui regroupe le producteur auto-consommateur, Christophe, et ses 5 voisins, consommateurs de proximité (4 maisons et un appartement). Elle a pour objet de partager de l’électricité produite par ses adhérents (1 pour commencer à Simiane Collongue) pour ses adhérents.
Puis l’association a pris contact avec ENEDIS qui a vérifié la faisabilité du projet d’autoconsommation collective. Il y a 3 conditions pour cela.
- La distance maximale entre 2 participants au projet doit être inférieure à 2 km.
- Il faut avoir des compteurs LINKY.
- Une personne morale doit porter le projet, l’association AMEP dans ce cas.
Courant mai, une convention est signée entre ENEDIS et l’association. Puis ENEDIS a informé les fournisseurs des différents participants. Au premier juillet, le partage des surplus d’électricité entre voisins était effectif.
Comment ça marche
C’est ENEDIS qui réalise tous les comptages et réparti les surplus entre les 5 consommateurs. La répartition se fait au prorata des consommations respectives. Elle est calculée toutes les 30 minutes, au moment ou l’électricité est produite.
Le 5 ou le 6 du mois, ENEDIS informe l’association des productions et consommations respectives du mois écoulé. ENEDIS transmet ces informations aux différents fournisseurs d’électricité qui sont en charge de faire payer la Taxe d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité, TURPE. Quelques centimes d’euros par KWh que l’on paye tous sans le savoir. Et surtout, ne pas facturer cette électricité autoproduite et partagée.
Un accélérateur de prise de conscience
Malgré cela, il y a toujours des moments ou l’on consomme moins que le surplus de production de Christophe. Par exemple, au milieu d’un bel après-midi ensoleillé quand on fait la sieste ou que l’on est au travail. Alors qu’au même moment, l’installation produit beaucoup. C’est le surplus du surplus.
Christophe et ses voisins, analysent ces données pour minimiser le surplus du surplus. Cela amène à se poser des questions sur ses habitudes de consommations. Julie, par exemple, ne fait plus ses lessives qu’entre 11H et 15H les jours ou il y a du soleil, heureusement très nombreux en Provence.
Est-on obligé de consommer ? La sobriété a un vrai sens car il y a moins onéreux que le partage, c’est l’électricité que l’on ne consomme pas.
Bientôt, une autre installation photovoltaïque sera construite et couplée au réseau. Son surplus sera également partagé. Une opportunité pour inclure de nouveaux voisins. Ou pour partager avec des voisins en grande précarité énergétique. Ou en faire bénéficier une association.
Aller plus loin
Grace à Virginie, une des consommatrice, l’AMEP a fait connaitre le projet bien au delà du village. Il y a déjà eu des articles dans La Provence, 20 minutes, un reportage sur FR3 et une vidéo est disponible sur YouTube ! Félicitation Virginie.
L’AMEP est prête à aider tout groupe de citoyen qui souhaiterait faire la même expérience. 2 possibilités, aider à créer sa propre association ou héberger un autre projet local. En effet une Personne Morale Organisatrice peut porter plusieurs projets, même distant de plusieurs centaines de kilomètres.
En échange et dans l’esprit du troc, elle demande aux groupes aidés de devenir des ambassadeurs et d’aider de futurs projets autour de chez eux.
Pierre qui roule n’amasse pas mousse … électricité partagée, bon voisinage garanti.
La simplicité de l’approche peut engendrer d’autres idées. Par exemple, plusieurs voisins créent une association pour construire une installation photovoltaïque sur le toit d’une des maisons. C’est l’association qui construit la centrale. Chacun apporte un peu d’argent pour construire. Et on réparti l’électricité au prorata.